Silas fixait les murs de son appartement, triste activité mais il n’avait rien de mieux à faire actuellement. Il faut dire qu’il n’avait même pas encore pu s’acheter un télé. Donc impossible pour lui de s’occuper l’esprit en regardant des émissions idiotes qui ne l’intéressaient nullement. Les meubles de chez lui étaient à l’ancien locataire et il lui devait une fière chandelle. Il n’aurait guère pu acheter tout, déjà que c’était un miracle s’il pouvait payer le loyer. Merci son agent, il avait beau être casse-pieds, celui-ci l’aidait tout de même pas mal. Silas devait bien le reconnaître et c’était peut-être pour ça qu’il lui avait promis de se tenir à carreau ? Sûrement bien qu’au fond de lui, le brun savait que ce serait mission impossible. Il ne supportait pas cette vie de misère et il fallait absolument qu’il aille parler à son paternel. Ou alors devrait-il commencer par sa mère ? Il aurait plus de facilité à l’approcher et ainsi avec sa complicité, il pourrait berner plus facilement son père. C’était quelque chose qu’il devait penser, Silas ne voulait pas aller trop vite. Il avait besoin de cet argent, après tout il était un héritier de la famille alors logique qu’il puisse toucher sa part. Même en ayant fait de la prison. Ce n’était pas une honte, la preuve, il en était sorti vivant. Seules quelques cicatrices pouvaient témoigner dans ce long séjour là-bas.
Poussant un long soupir, il se dit qu’il devrait sortir prendre l’air. Il allait devenir fou à rester assis ici. Enfilant sa veste en cuir, il se dépêcha de sortir de là, il ne savait pas où il allait mais ce serait mieux qu’ici. Sortant une cigarette de ses poches, il commença à la fumer alors qu’il vit un attroupement un peu plus loin. La file d’attente d’une boite de nuit. Pourquoi pas ne put-il s’empêcher de se dire. Cela faisait un bail qu’il n’avait pas mis les pieds à l’intérieur et il n’allait pas refuser un petit verre d’alcool. Essayant de passer plus rapidement, il entra dans la salle. Silas devait remercier la fille qui était actuellement entrain de draguer le videur, elle l’avait occupé au bon moment. Il se dirigea vers le comptoir du bar et commanda un whisky.

Cela faisait un sacré moment qu’il n’avait pas remis les pieds dans une boite de nuit. Sept ans exactement, que le temps passait à une vitesse. Si ce n’est même plus. Silas se souvenait qu’il avait été viré de l’une d’entre elles parce que sa petite bande avait mis un peu le bazar. En y pensant, ses souvenirs étaient agréables. Avec eux, il ne s’ennuyait jamais et en plus, son père ne pouvait s’empêcher de râler en le voyant traîner avec eux. Il arrivait encore à l’imaginer entrain de le disputer parce qu’il n’était pas le fils idéal. Certes, il aurait très bien pu jouer au petit Lauvay parfait mais ce n’était pas son genre. Pas à cet âge en tout cas, il avait eu besoin de se rebeller. Maintenant, il allait sans doute devoir manipuler son petit monde pour obtenir ce qu’il souhaitait. Il avait besoin d’argent, de beaucoup d’argent, assez du moins pour vivre tranquille toute sa vie sans se soucier d’un boulot crevant. De toute façon, il n’avait même pas de diplôme. Il sortit de ses pensées lorsqu’une voix féminine parvint à ses oreilles. Vu qu’elle le regardait, c’était sans doute à lui qu’elle parlait. « Cela se voit tant que ça que je m’ennuie ? » dit-il en ricanant. « Vous êtes dans le même cas ? » Autant s’ennuyer à deux dans ce cas n’est ce pas ? Enfin, ça, il se garda bien de le dire à voix haute.