Il y avait cru. Il aurait pu tenir bon avec Silas avec lui mais le fait d'avoir repris le lycée, l'avait replongé dans ses craintes. Il était là, les messages envoyés à Silas, les cachets à la main. Il les avala comme ultime solution à tous ses problèmes. Et peut être qu'on lui ficherait la paix enfin. Il aurait pu demander à changer de lycée, mais c'était le seul qui proposait son bts. Tout le monde le regardait d'un air, qui le mettait mal à l'aise. Il serait différent maintenant. Il n'avait pas tenu sa promesse. Mais il voyait le monde différemment. Il s'en fichait bien du regard des autres. Son coeur s'était brisé à l'idée d'avoir brisé la promesse faites à Silas. Il était désespéré. Il allait perdre le seul ami et le seul garçon pour qui Jules avait de l’intérêt. Et il avait mal surtout. Il avait écrit quelques mots sur une feuille simple à l'attention de Silas. Il voulait lui dire combien il était ravi de l'avoir rencontré mais que de toute façon, on ne pouvait plus rien faire pour lui. Il était bien trop faible pour ce monde comme lui avait si souvent dit son père. Puis il avait mis la feuille dans sa poche. Les cachets le firent le rendre joyeux puis triste. Énervé puis calme. Trop calme. Alors il prit ses affaires et il quitta le cours sans rien dire. Il tituba jusqu'à la sortie du lycée. Il aurait la paix maintenant.

Silas serrait fortement son téléphone dans sa main, il avait sûrement du mal comprendre. Clairement, il ne venait pas juste de recevoir un message de Jules lui annonçant qu'il allait se droguer. Quel idiot. Il ne pouvait qu'en être agacé, il ne comprenait pas pourquoi ce gosse qui avait tout, craquait aussi vite. Il avait été stupide de croire qu'il suffisait que des paroles pour que son problème soit réglé. Il était dans son appartement à faire les cent pas. Le mot adieux repassait en boucle dans sa tête et il donna un coup de pied contre la pauvre table qui n'avait rien demandé. Il fallait qu'il s'assure que ce n'était qu'une plaisanterie, qu'il n'allait pas faire une pareille connerie. Silas prit sa veste en vitesse et se dépêcha d'aller chez Jules. Quoi qu'en voyant l'heure, il devait être à l'école. Sauf s'il avait faussé compagnie aux professeurs. Pestant contre ce blond qui était rentré dans sa vie, il se rendit au premier lycée qui lui venait. Lorsqu'il arriva devant l'établissement, il serra les dents. Ou pouvait-il trouver Jules franchement, lui qui n'avait plus mis les pieds dans un lycée depuis des années, cela lui semblait si étrange. Il repéra une tête blonde et se mit à courir vers lui. "Jules !" Il posa ses mains sur les épaules, le bousculant légèrement, les sourcils froncés. "Oh, tu m'entends?" dit-il d'une voix sec.

Jules ne comprenait pas pourquoi il avait envoyé un message de secours à Silas, il savait qu'il en avait assez, que la drogue le tiendrait éloigné de sa famille définitivement. Alors il n'avait besoin de personne, à ce moment précis. Il fixait le mur d'un air vide. Il était seul, il n'était même plus en cours. Soudain, il sentit qu'on le secouait. Une voix lointaine lui parlait. Une voix familière. Silas. Il leva son regard vide sur lui. Il était fatigué, très fatigué.

"Fous moi la paix..." grogna-t-il faiblement en fermant les yeux. " je l'ai fais, j'ai pas besoin de toi..."

Et il continuait à provoquer Silas. C'était même plus que de la provocation. La première fois, il s'était fait peur et il s'était juré de ne plus recommencer. Il l'avait même promis au garçon qui était en face de lui. Et aujourd'hui, il était seul contre tous. Et il avait cédé. Trop cédé. Il s'accrocha à Silas pour rester debout et il avait l'impression que son cerveau se vidait. Il était mieux maintenant.

Silas n’avait envie que d’une chose, c’était de continuer de le secouer comme un prunier. Il serra les dents, essayant de contenir la colère qui menaçait de sortir à chaque instant. Ses doigts resserrent sa prise sur les épaules du jeune blond et il secoua les épaules. « Je vois ça, t’es vraiment qu’un crétin, Jules. » Silas soupira et le fait de le voir, les yeux dans le vague lui donnait encore plus envie de le secouer. « Je vois que tes promesses n’étaient que du vent. En faîte, t’es vraiment qu’un gosse de riche comme les autres. Tu me déçois. » Son visage ne put s’empêcher de grimacer. Il était vraiment dans un état pitoyable et il ne pouvait que secouer la tête. Quel idiot. « T’as pas besoin de moi mais tu m’envoies un message. Ça te plait tant que ça que d’être un déchet ? Regarde dans quel état, tu t’es mis. Tu te sens mieux comme ça ? » Silas le secoua un peu plus fortement avant de le relâcher. « Je sais même pas pourquoi je suis venu, tu me dégoûtes. »

Les mots de Silas blessaient Jules, les uns après les autres. Il était au plus mal et Silas ne semblait pas le remarquer. Pourtant, grâce à la drogue, Jules resta de marbre, comme absent. Les mots quant à eux, s'inscrivaient dans sa chair et ils résonnaient en lui. Et soudain, les barrières que Jules s'étaient crées par la drogue cédèrent sous le poids des mots de Silas. Les larmes envahirent ses yeux marrons et il s'écria:

"Mais arrête tu ne sais pas de quoi tu parles! Ca a failli recommencer Silas! Et ça sera comme ça tout le temps... Les gens en profitent... ça a toujours été comme ça..."

A ce moment là, Jules avait envie de fuir mais ses jambes semblaient bien trop lourdes pour lui. Alors il s'effondra, son corps touchait le contact froid du goudron. Et en dernière image, il aurait Silas en colère. Le désespoir coula dans ses veines, il aurait aimé resté là, à tout jamais. Fermer les yeux et ne plus rien penser. Mais il murmura:

"Silas... je suis désolé... je suis vraiment désolé....mais ce monde est trop dangereux pour moi.."  

Silas était furieux, il n’arrivait même pas à contrôler ses paroles. Il détestait qu’on le prenne pour un idiot et ce petit blond avait eu le don de jouer avec ses nerfs. Il ne pensait plus à rien, juste à secouer ce pauvre jeune homme. Comme si le fait de faire ça allait faire ressortir la drogue de son être mais ce n’était guère le cas. « Ils profitent parce qu’ils voient qu’ils peuvent le faire. Et tu leur montres à quel point, tu es faible. Tu crois qu’en te pourrissant la vie, ça va s’arranger ? Et de ma confiance t’en fait quoi hein ? » Il secoua la tête en grimaçant et il préféra le lâcher. Comme si rien que le fait de le tenir lui brûlait les paumes des mains. Cela lui apprendrait à vouloir aider un gamin. Il aurait mieux fait de s’abstenir ce jour-là, de le laisser dans sa galère. « Il est dangereux pour tout le monde. Tu crois que t’es le seul à avoir des problèmes hein ? Non ! » Il serra les dents en regardant Jules par terre. Il préféra donner un coup de pied à un arbre près d’eux, même si la douleur lui fit lancer un juron. Silas secoua la tête et il s’approcha de lui, le redressant sans aucune douceur. « Mais t’as de la chance, je ne compte pas te laisser crever. Pas aujourd’hui du moins. »