Arthur était resté chez lui, le visage fermé comme s'il souffrait d'une rage de dent. Il avait croisé son père en ville et son regard l'avait rendu malheureux. Il ne lui pardonnerait jamais. Arthur allait rester le meurtrier de Charles à vie. Et ça, Arthur ne le supportait pas. Il était dans son studio, et n'avait plus bougé, oubliant même son rendez-vous avec Hugo, le psy qui tentait de l'aider, mais en vain. Arthur ne voulait plus faire d'effort. Lorsqu'il entendit frapper à la porte, Arthur ne voulait pas se lever mais il s'obligea, pensant qu'il pouvait s'agir d'un truc important. Lorsqu'il vit Hugo, son visage resta fermé et neutre. Il ne voulait pas encore entendre les questions incessantes. Il lui avait demandé si tout allait bien. Arthur aurait ri s'il avait pu. Mais il leva les yeux au ciel et se poussa pour qu'il puisse entrer. Même si Arthur s'accrochait à Hugo, il restait méfiant. Arthur repensa à son père et la tristesse laissa place à la colère. Oui, il aurait préféré mourir à la place de Charles. Mais tous les deux aimaient la même fille et Charles avait préféré laisser la place à son petit frère. Et Arthur s'en voulait au point, de ne plus approcher personne, par peur de le tuer, lui aussi.

Il continuait de lui parler, voire même de partir. Arthur paniqua intérieurement. Il attrapa le bras d'Hugo comme pour lui dire de rester. Il le regarda dans les yeux, avec un regard mi inquiet et mi anxieux. Arthur soudainement se sentait inutile. Alors il alla dans le salon et il prit un feuille de papier, il écrivit alors:

"J'ai vu mon père ... Il m'a encore traité de meurtrier... je sais que je suis un meurtrier..."

Arthur ne put rien écrire d'autre. Rien que de voir le mot meurtrier écrire sur une page blanche, accentua son angoisse.Il ne savait plus quoi penser, entre son désir de continuer sa vie en se punissant lui même, ou tout simplement arrêter de vivre. Mais il y avait Hugo. Hugo qui voulait l'aider et qu'Arthur repoussait. Parce qu'il avait peur. Peur que lui aussi, le voit comme un meurtrier.

Hugo avait compris rien simplement avec les mots qu'il avait écrit. Mais Arthur n'arrivait plus à parler. Plus jamais. C'était trop douloureux au niveau de sa gorge, même si son frère aîné s'était suicidé, pour lui, c'était lui responsable. Pourtant les mots d'Hugo le rassurait un peu. Au moins, lui ne le jugeait pas. Le jeune garçon écrivit alors:

"J'ai plus envie de me battre. J'ai plus envie de rien.. Et de toute façon, je ne peux plus parler... c'est fini..."

Dans son téléphone, il n'y avait personne à part le numéro de son patron et celui d'Hugo mais Arthur ne se servait jamais de son téléphone. Alors quand il lui dit qu'il pouvait l'appeler quand il en avait besoin, Arthur fut surpris mais ravi. Un léger sourire se dessina sur son visage. Il était plus détendu moins angoissé sur le fait de penser qu'Hugo allait le juger lui aussi.  

Arthur resta muré dans le silence, rien ne venait même à l'écrit. Il préféra fixer le sol, repensant aux paroles d'Hugo et celles de son père, qui étaient radicalement différentes. Il reprit soudainement son crayon et il écrivit:

"Je n'y arrive pas! Je n'y arriverais jamais. Je ne suis pas aussi fort que tout le monde pense. "   

Arthur repensait à Charles, il repensait à leur dispute qui avait conduit au suicide de son frère. Il s'en souviendrait toute sa vie, comme si elle était le gardien de sa prison à lui. Il aurait voulu écrire ces mots mais il avait bien peur qu'Hugo le voit comme fou. Il regarda alors Hugo sans rien dire et il écrivit alors:

"Je ne parlerais plus jamais. Mon frère est mort à ma place. Je n'ai pas le droit de faire comme si rien ne s'était passé."

Les mots d'Hugo raisonnèrent dans la tête d'Arthur. Et il le vit s'éloigner pour fumer, Arthur cacha ses larmes. Elle roulèrent le long de ses joues silencieusement. Il avait tellement raison mais Arthur ne le voyait pas encore. Mais il se rapprocha d'Hugo, se mettant à côté de lui. Il perdit son regard sur la mer et il resta silencieux. Il tenta de se rapprocher de lui mais il n'osait pas en même temps. Hugo était plus qu'un simple ami pour lui mais il n'avait pas le droit de s'attacher. Alors il retourna dans son salon et s'assit dans le canapé-lit. Arthur fixa le sol et il prit une autre feuille avant d'écrire:

"Jamais personne ne m'avait parlé comme ça avant. Tu es le premier à me dire tout ça... Je ne sais pas si j'arriverais à reparler ou à me pardonner un jour mais sache que ta présence m'aide beaucoup. Alors s'il te plaît, reste. Reste et j'essayerais de te dire ce qu'il ne va pas.."

Il s'approcha de lui, à nouveau et il lui donna la feuille, un peu inquiet.

Mais Arthur fut surpris du geste d'Hugo. Il le prenait dans ses bras. Arthur resta contre lui, parce qu'il était bien. C'était rassurant, réconfortant et Arthur commençait à croire beaucoup de choses. Mais il savait qu'il ne pouvait pas y penser. Alors il s'éloigna d'Hugo. Parce que si Hugo se rapprochait de lui, alors lui aussi allait disparaître. Il reprit sa feuille et son crayon, son seul moyen de communiquer avec Hugo et il écrivit:

"Ne reste pas avec moi... Ne viens pas trop près de moi... toi aussi tu vas disparaître... tout le monde disparaît ... parce que je suis un meurtrier..."

Et Arthur alla s'enfermer dans sa mini salle de bain. Il ferma juste la porte, sans la fermer à clé. Mais il avait peur qu'Hugo disparaisse à son tour. Il avait peur parce qu'il était un meurtrier. Celui de son frère. Et ses parents qui ne voulaient plus le voir. Personne ne voulait le voir.

Tout se mélangeait dans la tête d'Arthur. C'était un véritable bordel,là-haut. Les mots d'Hugo lui firent comme un électrochoc. Il était heureux, il aurait voulu lui dire qu'il était heureux de ces mots là mais Arthur ne voyait que la peur de voir Hugo disparaître si Arthur s'en approchait trop. Et alors qu'Hugo lui dit qu'il allait partir, Arthur paniqua. Non, il ne devait pas le laisser seul. Arthur se leva aussitôt et il ouvrit la porte, se jetant dans les bras d'Hugo. Même s'il ne parlait pas, il le suppliait de rester avec lui à sa manière. Dans son regard azur rempli de détresse, dans sa manière de s'accrocher à lui. Arthur lui attrapa la main et il l'emmena jusqu'à son canapé. Et alors qu'il regardait ses mots précédemment écrits, il écrivit à la suite:

"Ne pars pas... je n'y arrive pas... dans ma tête.. tout se mélange... Je repense à Charles.... je me dis qu'il peut t'arriver la même chose si tu restes avec moi... Je suis toxique et je le serais toujours..."

Arthur pensait souvent à Charles. ll pensait souvent qu'il lui avait gâché la vie. Parce que c'était le cas. Il lui avait gâché cette vie qu'il lui avait ôté. Et même sa mère ne voulait plus le voir. Aucun membre de sa famille ne voulait le voir. Rien que d'y penser, les barrières qu'il s'était fabriqué pour cacher à tout le monde que ça n'allait pas, s'effondrèrent. Il cacha son visage contre Hugo. Il ne voulait pas le voir verser des larmes. D'habitude, il aurait écrit mais là, non il resta caché, comme s'il avait honte. Parce qu'il avait honte de craquer comme ça. Aucun bruit ne sortait mais sa gorge le brûlait comme si elle lui rappelait ce qu'il avait fait. Alors même s'il s'était promis de ne rien montrer, il reprit une dernière fois son papier et son crayon et il écrivit:

"J'ai besoin de toi.. j'ai besoin d'aide... tout le monde me tourne le dos... Je suis tout seul et ça va pas..."

Arthur était perdu, il ne savait plus quoi faire, il semblait être à bout. Peut être même qu'il y était déjà et qu'il ne s'en rendait pas compte. Hugo voulait l'aider, il faisait tout pour et Arthur se calma peu à peu dans ses bras. Hugo avait gagné sur un point. Une première partie de ses barrières étaient détruites. Arthur voulait se rapprocher de lui, parce qu'il le voyait plus que comme un psy. Le jeune garçon resta dans ses bras, se lovant presque tel un chat. Est-ce qu'il avait le droit de réagir comme ça? Non, il n'en était pas sûr. Mais il s'en fichait bien. Peut être qu'il aurait pu parler mais il n'y arrivait plus. Sa gorge le brûlait toujours autant. Alors il écrivit de nouveau:

"Reste avec moi ce soir... j'ai peur de rester seul ici... Charles me hante trop.. Il me hante jusqu'à ce que j'aille mal..."

Il était soulagé qu'Hugo veuille bien rester avec lui. Ses mots le rassurait et son baiser le fit frissonner. Arthur se sentait bien avec lui, trop bien même et ça l'angoissait. Mais il n'allait rien montrer, pas tout de suite, il avait bien trop peur de faire fuir ce moment de bonheur. Arthur apposa ses lèvres sur les siennes pour lui faire passer un message. Un simple baiser, effleurant à peine ses lèvres. Arthur le regarda, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres. Le temps d'un instant, Arthur se crut comme les autres. Il entoura le cou d'Hugo avec ses bras et s'installa contre lui. Il voudrait lui dire ses sentiments mais il n'y arrive pas. Même à l'écrit, il ne peut pas, bien trop apeuré d'apprendre que le lendemain, Hugo a voulu le fuir comme Charles.