Il resta aux côtés de Silas, se rendant compte de son geste stupide. Il avait envie de se cacher et de ne plus jamais sortir jusqu'à ce que Silas arrête de voir son visage devenir rouge. Il s'était trop attaché d'un coup, trop soudainement à Silas. Et maintenant, il avait peur de tout faire foirer à cause de son comportement. Jules n'avait pas vraiment l'habitude qu'on lui porte de l'attention. Bien au contraire, il faisait tout pour qu'on ne le remarque pas. Mais le hasard avait voulu que Silas le voit en pleine crise d'angoisse puis le revoit quelques temps après et ils en étaient là. Silas venait confirmer ce qu'il pensait, il lui avait dit de se battre et qu'il n'était plus seul. En temps normal, Jules aurait été ravi et il aurait tout fait pour plaire à Silas mais sa nervosité reprenait le dessus. Il tenta de cacher ses tremblements alors qu'ils rentraient à la maison. Il lui avait dire de tenir bon mais la dose qu'il avait prise avait été plus forte que d'habitude et le manque était de plus en plus présent. Prétextant qu'il devait s'occuper de son chat, Jules repartit dans la salle de bain, sa boule de poils était effectivement couchée dans le lavabo. Il gratta derrière les oreilles de son chat tout en reprenant quatre cinq cachets de plus. Il se sentait moins nerveux, plus calme. Il laissa son chat dans le lavabo et il ressortit. Il dit alors:

"Tu sais je suis content d'être retombé sur toi... je pensais pas qu'on arriverait à être amis...."

Jules rougit alors une nouvelle fois. Ses sentiments se mélangeaient avec ses envies. Il voyait soudainement la vie autrement, plus claire et plus joyeuse. Il eut un grand sourire pour Silas et il alla chercher des verres qu'il posa sur la table. Il dit alors:

"Si on manque d'alcool, c'est pas grave, il doit y avoir des bières dans le frigo... parce que ça j'en bois... Et on t'a jamais dit que tu étais beau? " 

Voilà que Jules agissait différemment. Il n'aurait peut être pas du prendre cette dose et en parler à Silas. La pièce se mit à tourner soudainement et il tomba sur son canapé. Il se mit à alors à rire et il dit:

"Ouh là... désolé... j'ai perdu l'équilibre..."  

Jules s'était perdu dans le fil de ses pensées et tout se bousculait dans sa tête. C'était pour ça qu'il avait l'impression que la pièce allait l'avaler. Et même s'il se sentait joyeux, il n'avait pas envie d'être joyeux. Comme si tout lui retombait en pleine figure. Silas avait demandé pourquoi il pensait qu'il avait de la chance de l'avoir en ami et Jules hésitait à répondre. Qu'avait-il à perdre? Rien. Qu'avait-il gagné? Rien. A part peut être un regard de pitié. Parce que les gens aimaient donner des regards de pitié. Il dit alors:

"Parce que généralement, les mec comme toi, préfèrent tabasser les mecs comme moi au lieu de les aider, tout simplement.... et qu'on m'a toujours dit que de toute façon, jamais personne ne me supporterait...Sauf s'ils savent mon nom et mon milieu social..."

Jules avait envie d'éclater de rire mais ce n'était pas drôle. Rien n'était drôle. Soudain, il se sentit tiré et il se retrouva debout sur ses pieds, la voix de Silas au loin. Et ses reproches. Son ton agacé. Ce fut de trop pour Jules. Il finit par éclater en sanglots, sans rien dire. Il n'arrivait plus à contenir ses sanglots comme s'il les avaient caché depuis des années. Il prenait les reproches de Silas, il n'avait pas à les contester. Mais soudain, parce qu'il le tenait trop fort, Jules se mit à hurler:

"Lâche moi tu me fais mal! Tu ne comprends pas! C'est trop dur..."

C'était trop dur pour tout. Pour arrêter, pour aller de l'avant. Pour tout, tout simplement. Et il finit par pleurer, cachant son visage contre l'épaule de Silas.

"Je suis désolé...je suis désolé..."

Il avait l'impression qu'il n'arrivait plus à respirer, que tout allait mal. Il faisait une crise par dessus le marché. Et maintenant, son seul ami allait l'abandonner. Tout ça était de sa faute, et il angoissait un peu plus.

Si cela ne tenait qu’à lui, Silas n’aurait pas hésité une seule seconde à secouer le plus jeune afin de lui remettre de l’ordre dans son esprit. Qu’est ce qu’il avait bien pu faire pour se retrouver dans cette galère ? Il aurait sans doute dû l’effacer de sa mémoire et faire en sorte que leur première rencontre n’avait pas eu lieu. « Vu à quoi tu joues, ouais normal que les mecs comme moi songent plus à te tabasser qu’à t’aider. »  Légèrement vexé le Silas. « Je me moque bien de ton nom, je te signale que je t’avais aidé avant même de savoir qui tu étais alors arrête de mettre tout le monde dans des causes soi-disant parce qu’on t’a dit que tu étais insupportable. C’est justement avec ce comportement que les gens vont prendre la fuite. »
Il haussa un peu la voix, il en avait plus que marre de ce gamin. Qu’est ce qu’il clochait chez lui ? Ne lui avait-il pas proposé son aide, il y a quelques minutes ? Et lui, il n’avait sans doute pas hésité à reprendre une dose vu l’état dans lequel il était. « Avant de te plaindre, essaye de résister. Ce n’est pas en baissant les bras à la moindre difficulté que tu vas y arriver. » Et voilà que maintenant Jules pleurait. Il ferma un instant les yeux pour reprendre son calme, il ne devait guère s’énerver. Passer ses nerfs sur lui ne l’aiderait sans doute pas à gagner un peu plus sa confiance. Silas l’écarta de lui, ses deux mains sur chaque épaule. « Calme-toi Jules. » Ses mains glissèrent jusqu’ à ses joues et il murmura en le regardant droit dans les yeux. « Suis ma respiration. Oublie le reste. » Il n’avait pas envie que tout ça se détériore.

Jules n'était plus vraiment lui-même. Il n'était qu'autre, perdu dans un monde bien trop angoissant pour lui. Lui qui pensait que la drogue allait l'aider, bien au contraire, il semblait qu'elle l'enfonçait un peu plus. Jules écoutait de loin la voix de Silas, elle semblait si lointaine que Jules avait l'impression de perdre pied. Peut être bien que c'était le cas, que c'était la fin pour lui. De toute façon, qui le regretterait? Mais il cala sa respiration sur celle de Silas, pour se calmer. La tête lui tournait et il pensait que c'était la fin. Il était allé trop loin. Trop de dose prise en une seule fois, tout ça pour être à la hauteur de Silas. Et alors qu'il avait l'impression que la pièce allait l'avaler, Jules s'accrocha au plus âgé, fermement.

"Je.....je ... suis ... désolé...." murmura faiblement Jules. "J'ai cru...."

Il avait cru que ça l'aiderait encore plus. Il avait cru plein de choses, que des utopies. La réalité était tout autre. La réalité lui ouvrait les yeux. Il mettait sa vie en danger. Il reprit, plus calmement:

"Je voulais pas... en ... arriver là..."

Ses yeux s'embuèrent de larmes mais il répondit:

"Je .... J'ai besoin de toi...."

Silas s'énervait alors qu'il ne le souhaitait pas, il fallait qu'il garde son calme. Mais c'était difficile d'y parvenir lorsque ce blondinet se droguait presque devant lui. A croire que le brun était vraiment aveugle, il n'aurait pas du le laisser partir. Mais il n'allait tout de même pas le suivre partout où il allait. Ce serait limite gênant. Finalement, sa colère disparut au moment même où il se rendit compte que Jules était en pleine crise. Il n'avait pas envie de le voir partir devant lui, on l'accuserait sans doute. Silas lui demanda alors de caler sa respiration avec la sienne, prenant soin de prendre de grande bouffée d'air. « C'est rien, on oublie. » dit-il avec un petit sourire, soulagé de voir que sa crise se calmait un peu. Il aurait été paniqué si cela n'avait pas été le cas. Nul doute qu'il n'aurait pas eu le courage de l'emmener aux urgences. Il aurait pris la fuite. Silas garda ses mains sur ses joues, ses pouces les caressant légèrement comme si cela pouvait l'aider à se calmer. « Et je suis là, je ne vais nul part. » Le brun se rapprocha de lui, posant son front contre le sien, avant d'ajouter. « Je ne vais pas disparaître, je te le promets. »  Silas savait qu'il ne pourrait jamais tenir cette promesse mais pour le moment, cela lui convenait. L'une de ses mains vint se glisser jusqu'à sa nuque et Silas frôla juste le coin de ses lèvres avec les siennes avant de sourire, l'air de rien.

Lorsqu'il vit que Silas était proche, Jules était à la fois content et surpris en même temps. Il avait du mal à croire après tout ça, Silas voulait quelque chose comme ça. Jules le fixa dans ses yeux, silencieusement. Il ne voulait pas tout gâcher, bien au contraire. Jules avait besoin de ça. Un soutien. Et il avait l'air de le trouver grâce à Silas. Il murmura enfin:

"Je te promet que j'arrête toutes mes conneries... j'ai envie d'arrêter mais je ne trouvais pas assez de motivations... mais c'était avant..."

Silas avait fait un premier pas, Jules devait en faire un. Son coeur battait la chamade mais pas comme quand il faisait une crise, c'était une autre sensation étrange. Surtout quand il sentit ses lèvres, au coin des siennes. Il ne savait ps comment réagir. Mais il laissa son instinct agir et il répondit alors à ce semi baiser, non sans rougir. Il arrivait à se calmer, petit à petit. Même s'il avait pris de la drogue, il avait l'impression que cette scène était réelle et il n'était pas en train de rêver.

"Oui reste avec moi...." dit-il avant de penser très fort, pour toujours.Jules était tout à fait calme, désormais et il eut même un sourire timide.

Silas ignorait pourquoi il s’était rapprochait si près de Jules, sur le moment cela lui avait semblé la meilleure des choses à faire mais maintenant, c’était vraiment gênant. Il faut croire que la prison lui avait grillé un neurone, voir même plusieurs qui sait ? « Parce que maintenant tu as une motivation ? » dit-il en le regardant. Jules lui faisait une promesse mais qu’est ce qui lui disait qu’il allait la tenir ? Après tout, lui aussi en faisait et ce n’était pas pour autant qu’il se permettait de toutes les respecter. Mine de rien, il était soulagé de voir que Jules semblait être devenu calme à nouveau, que sa crise ne soit qu’un mauvais souvenir. Comme quoi, il ne fallait pas grand-chose pour que les choses ne changent. « Si c’est ce que tu veux alors.. » Alors, il resterait. Juste le temps de se remplir un peu les poches et de pouvoir enfin commencer une autre vie. Après tout, il y avait pire comme situation pour le moment, n’est ce pas ? Silas caressa sa joue et avec un sourire, prit la parole. « Je ferais en sorte que ce sourire soit toujours là. » Sortez les violons. Qui aurait cru qu’il ait l’âme d’un romantique dans l’âme. Son voisin de prison se ficherait sans doute de sa tronche, s’il l’entendait parler à l’heure actuelle.

Jules se posait énormément de questions sur lui-même et sur ce qu'il faisait. Il partait dans du n'importe quoi et il avait de la chance que Silas n'ait pas pris la fuite. Il avait besoin de lui, parce qu'il l'aidait. Il n'avait pas de préjugés sur lui. Non, il n'était pas comme les autres et Silas était bien le seul qui arrivait à comprendre Jules. Et c'était étrange, parce que Jules s'attachait très rapidement à Silas, peut être trop rapidement. Il regarda Silas et il répondit doucement:

" Oui et c'est toi... j'ai pas envie de te décevoir...."

Silas le rassura en lui disant qu'il restait et Jules se sentit soulagé. Il avait besoin de ça. Quelqu'un qui ne soit pas de sa famille, pour aller mieux. Et si le vrai souci était sa famille? Est-ce qu'il n'avait pas d'autres soucis? Il aurait voulu comprendre mais en vain. Il allait juste profiter de la présence de Silas et tout oublier.

"Je t'aime bien tu sais..." lança Jules alors qu'il n'osa plus lever le regard sur lui. "Et si j'ai été méchant ou horrible, je suis désolé.. Je ne le voulais pas...."

Être proche de quelqu’un ne faisait guère partie de son plan. Hors de question que cela n’arrive d’ailleurs. Il voulait juste de l’argent et prendre le large. C’était pour ça qu’il était ici et pas pour venir en aide à un gosse de riche. Certes, il devait reconnaître que de jouer les gentils avec lui était chose facile. Plus facile qu’il ne le pensait. A croire que ses nerfs s’étaient assagis et qu’il avait appris à calmer sa colère. « Et tu sais ce qu’il faut que tu fasses pour ne pas me décevoir. » dit-il avec un petit sourire. Silas n’était peut-être qu’un vulgaire ex-prisonnier, ce n’était pas pour autant qu’il encourageait les gens à se droguer. Il ne l’avait jamais fait même s’il aurait pu, ce n’était guère les occasions qui manquaient. Mais il préférait garder son esprit clair plutôt que d’être dans les vapes. Il ne préféra guère répondre à sa demi-déclaration, lui ce n’était pas son genre alors comme réponse, il posa simplement sa main sur son épaule. « Ne t’excuses pas, il en faut plus pour me blesser. » Il laissa un léger ricanement avant d’ajouter. « J’ai connu bien pire et en plus, tu étais sous l’effet de ta drogue alors tu es plus facilement pardonnable. » Il sourit avant de froncer les sourcils. « Mais si tu t’en veux vraiment, je veux que tu fasses une chose pour moi. Es-tu prêt à ça ? »

Jules avait toujours peur de blesser les autres, et particulièrement Silas, qui se montrait particulièrement gentil avec lui.Jules était comme ça. On l'avait blessé, il ne cherchait pas à se venger. Il s'auto détruisait. Il fixa Silas puis le mur, restant silencieux sur les remarques de Silas. Pourtant ses bras et ses jambes se mirent à trembler de nouveau, assez légèrement pour passer inaperçu. Il restait calme en apparence mais il avait tellement de choses à régler intérieurement. Mais il ne voulait pas inquiéter Silas.

"Je ne veux pas te décevoir..." murmura Jules en levant son regard sur lui. "Mais je veux que tu me promettes que tu ne m'abandonneras pas...si jamais.. je craquais..."

Jules était prêt à tout pour arrêter mais il savait que ça serait difficile. Ce serait trop difficile même pour lui, il s'était habitué à ce que la drogue le rassure quand ça n'allait pas. Mais il fut surpris de la demande de Silas alors il répondit:

"Oui je suis prêt... "

Maintenant il attendait de voir ce que lui voulait Silas.

Silas ne pensait guère qu’être gentil serait aussi simple. Il faut croire qu’il avait un certain talent pour l’être. Si cela marchait sur un inconnu, peut-être que ça marcherait sur son paternel. Il n’avait plus qu’à croiser les doigts pour que ce soit le cas. Ainsi ce serait plus facile pour lui d’avoir son argent. Enfin, il allait devoir être patient et c’est sans doute ça qui allait poser problème. Aurait-il les nerfs assez solides pour ne pas envoyer promener son père si jamais Monsieur le prenait de haut ? Il se mordit la lèvre à sa question et il finit par secouer la tête. « Je ne t’abandonnerais pas. Je ferais en sorte que tu n’es plus besoin de ça pour être toi-même. » Silas sourit légèrement avant de prendre une respiration, il allait voir comment allait réagir Jules à sa demande. Es ce qu’il allait refuser, acceptait ou bien juste faire semblant ? Tant de possibilités. Il le regarda droit dans les yeux avant de prendre la parole. « Je veux que tu jettes tout ça à la poubelle. C’est le meilleur moyen pour toi de ne pas céder. » Il prit son visage dans ses mains avant d’ajouter. « Es-tu prêt à faire ça pour moi ? » dit-il en insistant sur la fin de sa phrase.

Silas était vraiment gentil avec lui et ça apaisa Jules qui voyait le monde méchant avec lui. Non, tout le monde n'était pas méchant. Soudain Silas lui demanda de faire quelque chose. De jeter sa drogue. Jules lui jeta un regard inquiet et surpris en même temps. Bien sûr qu'il allait le faire, mais il avait peur de devenir fou s'il était en manque. Pourtant Jules se plongea dans le regard de Silas et son coeur battit la chamade. Bien entendu qu'il allait tout faire pour Silas. Encore une fois, il était prêt à tout. Il sourit doucement et il dit:

"Je vais le faire... J'ai envie de le faire.. Mais reste avec moi, parce que j'ai peur de faire n'importe quoi..."

Il attrapa la main de Silas et il l'entraîna dans la salle de bain. Son chat était encore là mais sa main trembla dans celle de Silas. Il avait peur de jeter tout ça. Il avait peur de ne pas réussir à le faire. Pourtant il prit un sac et il jeter les cachets dedans. Devant Silas, il ne pourrait pas en mettre de côté.

"J'y jetterais demain....à la poubelle..."  

Silas le regardait, attendant sa réaction. Il se demandait s’il allait le faire ou bien allait-il juste trouver une excuse pour reculer cette action ? Il se contenta de secouer la tête lorsqu’il lui demanda de l’accompagner. De toute façon, il l’aurait tout de même suivi pour être sur de son geste. Sentant sa main trembler dans la sienne – d’ailleurs, il devait reconnaître que c’était vraiment nouveau pour lui de tenir la main de quelqu’un d’autre. Ce n’était pas une chose ordinaire en prison. Silas le regarda faire et sourit légèrement en voyant les cachets atterrir directement dans le sac. « Es ce que je peux te faire confiance sur ça ? Tu ne vas pas les récupérer n’est ce pas ? » dit-il en le regardant droit dans les yeux avant de s’approcher de lui. « Mais je suis fier de toi. C’est déjà un bon début. » Il lui passa une main dans les cheveux comme pour le féliciter, c’était étrange ces gestes d’affection. Il n’osait même pas penser ce que ses anciens amis penseraient, ils se moqueraient sans doute de lui. Son lui du passé également en y pensant. « Tu te sens vraiment capable de les jeter ? » Au pire, il préférait qu’il lui dise la vérité sinon il risquait d’être un peu fâché.  

Jules avait fait le premier pas. Il avait mis tous les cachets dans le sac, prêt à les jeter mais comme il tremblait, il comprit qu'il commençait à en vouloir encore. Que ces cachets présents dans ce sac l'attirait. Alors il regarda Silas, il espérait que de toute ses forces, le fait de regarder Silas arrêterait de lui faire penser à la drogue. Mais peine perdue.

"Je... je ne peux pas... j'y arrive pas... j'en ai besoin..." gémit le blond en s'éloignant du sac comme s'il allait en reprendre.

Il avait échoué, face à Silas. Il avait échoué à son test. Silas allait en avoir marre et il allait partir. Son chat, apeuré par le bruit, s'était barré. Lui aussi, l'avait laissé tomber. Alors il agrippa a solidement la main de Silas, pour être sûr qu'il ne fasse pas comme le chat.

"Silas... je dois faire quoi..." dit faiblement Jules en le regardant. " Je crois que je suis en manque...encore..."  

Jeter dans la poubelle était un bon début. Après tout, Silas ignorait depuis combien de temps, il côtoyait cette drogue. Mais Jules lui faisait confiance, il semblerait. Ce qui pouvait être étonnant, lui n'était rien d'autre qu'un illustre inconnu alors que ses médicaments faisaient partie de sa vie. Mais il n'allait pas s'en plaindre, celà lui était utile. Il n'allait pas le laisser gâcher sa vie, pas de cette façon tout du moins. "Non, c'est dans ta tête que ça se passe. il faut que tu résistes !" dit-il en le regardant droit dans les yeux. il fut soulagé de voir que le chat avait décidé de prendre la poudre d'escampette. Il commençait à avoir les yeux qui piquaient et une envie agaçante d'éternuer. Fichue allergie qui revenait à la charge. Voyant qu'il avait plus de mal à résister, Silas l’entraîna hors de la pièce. Loin de cette salle de bain. "Bats-toi, Jules. Je sais que tu peux y arriver. Je te fais confiance." dit-il en posant ses mains sur ses joues, ne voulant pas le lâcher du regard. "Tu ne dois pas y penser, concentre-toi uniquement sur moi."

Jules tentait d'écouter Silas tant bien que mal. Il avait beaucoup de mal à résister à l'appel de la drogue mais il se devait de faire un effort pour Silas. C'était étrange, quelques temps auparavant, Jules était seul, sans amis et il se morfondait sur lui-même et ce qu'il s'était passé des années auparavant, tout en se droguant. Et aujourd'hui, il avait Silas. Jules s'accrochait à lui comme s'il était le troisième poumon sain lui permettant de respirer. Et plus les heures passaient, plus Silas devenait important pour lui. Il ne savait pas si c'était les effets de la drogue ou s'il y avait vraiment des sentiments qui naissaient en lui. Il était perdu, un peu trop perdu. Silas l'avait alors entraîné loin des cachets et il lui avait demandé de le regarder. Jules le regarda dans les yeux, ses joues devenant rouges. Et il ne résista pas. Il était bien trop faible. Il apposa ses lèvres sur les siennes et il ferma les yeux. C'était étrange. Son esprit se vida subitement. Qu'avait-il fait? Il rouvrit les yeux et il murmura:

"C'est étrange... je ne ressens plus le besoin d'en prendre... "

Il ne savait pas si c'était temporaire ou définitif mais sans Silas, il serait au bord du gouffre. Sans Silas, il serait peut être déjà mort d'une overdose. Silas était son sauveur et son pilier. Et Jules tombait amoureux de lui, inlassablement.  

Silas n’avait aucune idée dans quelle galère, il venait de se mettre. Franchement, à croire qu’il attirait les ennuis sans el vouloir. Lui qui voulait tranquillement voler l’argent de son père avant de fuir à l’autre bout du pays, voilà qu’il avait croisé la route d’un petit blond. Pourquoi ne l’avait-il pas évité ? Lui-même ignorait la raison qui l’avait poussé à se diriger vers lui. Peut-être parce qu’il avait beau avoir fait de la prison, il n’avait pas totalement perdu son humanité. Il ne pouvait pas laisser cette drogue gâcher la vie d’un jeune. Tenant le visage entre ses mains de Jules, il essayait de lui chasser les envies de consommer. Il était bien tenté de le jeter dans une douche froide pour le calmer mais cela signifierait retourner dans la salle de bain. Hors de question.
Et ce qu’il se passa ensuite le laissa la bouche à demi ouverte et les yeux un peu sortis de leur orbite. Jules venait de l’embrasser là ? Ou alors lui-même commençait à perdre la tête ? Silas ne put s’empêcher de faire un léger sourire à ses mots et il secoua la tête. Décidément, il était vraiment étrange ce blond, il n’y a pas de doute possible. Il passa une main dans sa chevelure blonde avant de prendre la parole. « Et bien, je crois que tu as trouvé comment lui résister… » Lui ne préférait pas savoir, franchement pas. C’était presque flippant. « Je suis fier de toi. » Ou pas. Parce que c’était tout de même très flippant.